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Made in France et compétitivité : comment viser juste?

Le made in France est souvent présenté comme de qualité… mais ne pouvant pas être compétitif face aux productions des pays en développement.
« Erreur ! » assurent des entrepreneurs français qui ont réussi à s’imposer dans leurs marchés face à la concurrence étrangère. Avec quels principes ?

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AGILITÉ ET RÉACTIVITÉ

Marc Balussaud, de BSE Electronic.

 

Privilégier des sous-traitants français, une stratégie économique gagnante ? Ce n’est pas BSE Electronic qui dira le contraire.
Basé en Bourgogne, ce spécialiste des cartes et équipements électroniques démontre à ses clients qu’il a « des arguments à faire valoir, telles l’agilité et la réactivité pour s’adapter rapidement à leurs besoins, explique son PDG, Marc Balussaud. Nous pouvons livrer des pièces personnalisées en quelques jours, ce qui ne sera pas forcément le cas d’un pays low cost comme la Chine ou la Tunisie. »
Cette réactivité est l’un des arguments phares des défenseurs du made in France. « Notre savoir faire et nos moyens de R & D nous permettent de réduire fortement les temps de développement par rapport à nos concurrents, poursuit le décideur. Par conséquent, quand bien même le produit serait légèrement plus cher, le client pourra le mettre bien plus rapidement sur le marché, ce qui représentera, pour lui, un gain conséquent. »
La vélocité du sous-traitant français est aussi favorisée par sa proximité physique. « La communication y gagne, le client pouvant venir sur notre site pour accompagner une phase de lancement. Cela permet d’aller vite et de tenir les objectifs », explique-t-on chez BSE Electronic.

RECHERCHE ET INNOVATION

Et ce qui est bon pour la compétitivité du client le serait aussi pour le sous-traitant lui-même : « C’est un atout concurrentiel pour nous de pouvoir proposer aux clients de travailler ensemble, en toute transparence, lui assurer qu’il peut se rendre dans les locaux. Et ce dans une même langue, avec les mêmes référents culturels ».
Les résultats de la société sont là pour conforter sa stratégie : en 2014, son chiffre d’affaires a progressé de 17 %.
Marc Balussaud a fait rapatrier une production jusqu’alors située en Chine. Des travaux de R & D ont préalablement permis de compresser le temps de main-d’œuvre sur le produit concerné (2 à 3 minutes contre 35 auparavant).
En parallèle, il a réalisé d’importants investissements dans des équipements devant amener gains de productivité et automatisation des process.
Clés de voûte pour assurer la compétitivité d’une production dans l’Hexagone, la recherche et l’innovation sont également sollicitées pour permettre l’essor d’une filière pleine de promesses : les objets connectés made in France.

ATTENTION À LA FRAUDE

Fabriqué en France, en anglais made in France sont des mentions apposées sur les produits pour valider leur origine française.
Bien que le domaine soit juridiquement complexe, plusieurs textes interdisent, et sanctionnent comme fraude, l’apposition d’indications d’origines inexactes.

De l’art de bien calculer le coût d’une production

Le PDG de BSE Electronic Marc Balussaud insiste : « Il ne faut pas se focaliser exclusivement sur le prix de vente ». Car derrière le tarif affiché par une production chinoise se cachent des coûts supplémentaires pour le client.
« Il convient d’ajouter notamment les expéditions par avion ou les droits de douane », indique-t-il.
Il peut être également nécessaire d’effectuer des déplacements dans le pays de production pour suivre le travail du sous-traitant.
« Une telle analyse sera moins pertinente pour des marchés à gros volumes, les mobiles par exemple, où c’est le facteur ’main-dœuvre’ qu joue essentiellement. Mais sur des marchés de moyenne série, jusqu’à quelques centaines de milliers de pièces, nous avons, en France, une réelle compétitivité à faire valoir. »

 

Extrait de l’article « Made in France et compétitivité comment viser juste » (Suivre ce liendu magazine « Décideurs en région ». 07/10/2015.